Avril 1959
1670-1959 : 289 ans. Le Mali, réduit en 1670 par la conquête bambara à la dimension d’une province, renaît de ses cendres.
Il nous a paru qu’il valait la peine de réunir en un même fascicule un certain nombre de documents destinés à renseigner nos lecteurs sur le premier Mali.
Les Africains veulent connaître leur histoire, histoire difficile à établir, certes, en l’absence d’architecture de pierre, d’épigraphie, de sources écrites (avant les chroniqueurs musulmans), histoire dont les seuls documents seront la tradition orale et les fouilles archéologiques.
Dans ce double domaine il reste beaucoup à faire, et l’IFAN, qui depuis plus de vingt ans, s’est efforcé, avec des moyens d’une exiguïté ridicule, de favoriser le renouveau des études historiques ouest-africaines, souhaite ardemment voir s’accroître le nombre des chercheurs, et, en particulier, celui des chercheurs africains, devant lesquels s’ouvre un champ de travail à la fois d’un tel intérêt et d’une telle ampleur.
C’est sur eux, en effet, que va, dans une large mesure, reposer désormais la responsabilité du travail entrepris, et à entreprendre. Ce sont eux qui devront, avec une vigilance attentive, veiller à ce que l’histoire, sans jamais céder à la tentation, très forte parfois, du mythe, demeure toujours sur le seul terrain qui est le sien, celui de l’austère réalité, celui du document, celui d’une stricte impartialité.
L’histoire ne se fabrique pas. C’est une réalité objective à découvrir, à explorer, à décrire. Avec son vrai visage, et non celui que, consciemment ou non, parfois nous lui souhaiterions.
Avec la résurrection du Mali, l’intérêt pour l’Afrique du Moyen Age ne va pas manquer de s’intensifier. Pour obtenir des résultats substantiels, il faudra plus de chercheurs, des crédits pour exécuter les fouilles, d’autres pour publier les résultats de ces dernières ou les exposer au public dans des musées. Je ne doute pas que la Fédération du Mali aura à coeur et tiendra à honneur d’accorder à son passé toute l’importance qu’il mérite, et pour ses propres fils et pour tous ceux qui, à l’extérieur, suivront ses progrès.
Théodore MONOD.
Directeur de l’IFAN, Dakar