02janvier
En attendant le vote des bêtes sauvages
Ahmadou Kourouma
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Extrait
Veillée I
- Si la perdrix s’envole son enfant ne reste pas à terre
- C’est au bout de la vieille corde qu’on tisse la nouvelle
- Le veau ne perd pas sa mère même dans l’obscurité
- Le vieil oeil finit, la vieille oreille ne finit pas
Veillée II
- Quand on voit les souris s’amuser sur la peau du chat, on mesure le défi que la mort peut nous infliger
- On tarde à grandir, on ne tarde pas à mourir
- La mort engloutit l’homme, elle n’engloutit pas son nom et sa réputation
- Une pirogue n’est jamais trop grande pour chavirer
- La mort moud sans faire bouillir l’eau
- Où un homme doit mourir il se rend tôt le matin
Veillée III
- La plume de l’oiseau s’envole en l’air mais elle termine à terre
- Quand le nerf vital est coupé, la poule tue le chat sauvage
- Si une mouche est morte dans une plaie, elle est morte là où elle devait mourir
Veillée IV
- C’est celui qui ne l’a jamais exercé qui trouve que le pouvoir n’est pas plaisant
- Le coassement des grenouilles n’empêche pas l’éléphant de boire
- Dans un pouvoir despotique la main lie le pied, dans la démocratie c’est le pied qui lie la main
- Le tambour qui ne punit pas le crime est un cruchon fêlé
- On ne prend pas un hippopotame avec un hameçon
Veillée V
- Le feu qui te brûlera c’est celui auquel tu te chauffes
- C’est celui dont tu as soigné l’impuissance qui te prend ta femme
Veillée VI
- Si quelqu’un t’a mordu, il t’a rappelé que tu as des dents
- Il n’y a pas qu’un jour, demain aussi le soleil brillera
- Qui vit longtemps voit la danse de la colombe
- Le jour éloigné existe mais celui qui ne viendra pas n’existe pas
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