Comment la Guinée entra dans la nuit/Table des matières
Paris. Calmann-Lévy. 1967, tome 2, 435 p. |
Table des matières
Avant-propos
Première partie
- La fin du Maghreb français
- « L’Algérie, c’est la France »
- Le cas du capitaine Moureau
- « Nous, Algériens »
Deuxième Partie
L’Afrique des révolutionnaires
- Comment la Guinée entra dans la nuit
- La longue marche des commandos nigériens
- La mort de l’Ho Chi Minh camerounais
Dans ce deuxième tome des Carnets secrets de la décolonisation, Georges Chaffard continue à démonter les mécanismes mal connus par lesquels les anciennes colonies françaises ont accédé à l’indépendance. L’oubli, pense l’auteur, ne doit pas tomber trop vite sur une série d’événements qui ébranlèrent la France et qui projetèrent sur le devant de la scène, pour une période éphémère, de jeunes Etats éblouis par les lumières du forum international. Période passionnante et bouillonnante, où les uns crurent le moment venu de construire le monde révolutionnaire de leurs rêves, où les autres imaginaient tout aussi sérieusement que les fondements de l’ordre occidental étaient sur le point de s’écrouler. D’où cet excès d’optimisme chez les premiers, ce pessimisme abusif chez les autres. Les coups de feu de nos dernières campagnes coloniales ont cessé, les lampions des festivités d’indépendance sont éteints, on a redécouvert la grisaille quotidienne du sous-développement, et l’inévitable interdépendance.
Cela s’appelle la coopération.
L’auteur, dans son précédent ouvrage, avait fait une large part aux dramatiques événements du Vietnam entre 1946 et 1954. C’est maintenant à la guerre d’Algérie de 1954 à 1962 et à la décolonisation du Maghreb qu’il consacre ses trois premiers chapitres. Il s’est notamment attaché à reconstituer, presque jour par jour, les symptômes et les manifestations qui ont précédé le déclenchement de l’insurrection algérienne du 1er novembre 1954. Pierre Mendès-France était alors au pouvoir, et François Mitterand en charge de l’Algérie. Ceux qui les ont renversés un matin de février 1955 sur un programme de réformes pourtant bien timide portent une part de responsabilité dans la longue guerre qui s’ensuivit.
L’accession à l’indépendance du Maroc en 1956 fournit la matière d’un autre chapitre où l’auteur relate les dessous politiques de la pénible affaire Moureau : comment l’assassinat pour des motifs privés, d’un capitaine français, fut exploité à Paris, sciemment, par un groupe d’hommes qui refusaient la décolonisation et travaillaient au renversement de la IVe République.
Enfin, sur l’O.A.S. des années 1961-1962, et ses tractations secrètes avec les nationalistes algériens, Georges Chaffard apporte des informations de première main, complétant ce qui a déjà été écrit ici ou là de l’ultime embrassade des desperados de l’Algérie française et des « réalistes » du nationalisme algérien. L’auteur ne pense pas, comme d’autres, que cette réconciliation fut scandaleuse, même si elle survint trop tardivement pour durer.
Dans la deuxième partie, consacrée à l’Afrique noire, Georges Chaffard décrit en détail les événements qui marquèrent le passage à l’indépendance de trois Etats du sud du Sahara : la Guinée, le Niger, le Cameroun. Il n’a pas choisi ces pays au hasard, mais parce qu’ils furent tous trois le théâtre d’expériences révolutionnaires décevantes dont l’une, en Guinée, a perdu, avec les années, la plupart de ses sympathisants de la première heure, et dont les deux autres connurent d’emblée un échec sanglant. Sékou Touré, le Guinéen, Bakary Djibo le Nigérien, Um Nyobé, « l’Ho Chi Minh du Cameroun » : trois destins tragiques. Trois militants formés à l’école de la C.G.T. française, qui se faisaient, à leur façon, « une certaine idée de l’Afrique», et aussi de la France, et qui, à un moment donné, crurent venue, pour leur peuple, l’heure de la Révolution, sans avoir correctement apprécié le rapport des forces. De l’histoire de ces trois anciens dirigeants syndicalistes devenus leaders politiques, l’auteur pense pouvoir tirer un enseignement : de même qu’on doit savoir arrêter une grève vouée à l’échec, on devrait savoir stopper une Révolution mal engagée.
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